Intervenants à domicile en Gironde : se former pour mieux prendre soin de soi et de l’autre

Le Réseau Public Départemental d'Aide à Domicile de la Gironde a sollicité l’organisme de formation de l'Oareil pour dispenser auprès de ses agents des 32 services membres (SAAD) quatre formations en gérontologie, de mars à septembre 2024.  

Le public visé était celui des aides à domicile ou auxiliaires de vie sociale, assistant.es de vie aux familles, des responsables de secteur ainsi que des directeurs.trices de CCAS. 

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Intervenants à domicile en Gironde : se former pour mieux prendre soin de soi et de l’autre

Cette nouvelle collaboration s’inscrit dans le développement récent de l’action de l’Oareil sur le terrain de l’aide et de l’accompagnement à domicile, un secteur où se conjuguent fragilité des bénéficiaires et fragilité de l’environnement professionnel, marqué par le manque de personnel, l’isolement des intervenants et des aidants.  
C’est dans ce contexte que l’offre de formation de l’Oareil vise à répondre au double objectif de fidéliser les équipes du domicile et de les soutenir.  

Nous avons questionné trois des formatrices engagées dans ce parcours de formations.  

La formation Collaborer avec les familles réalisée en mars 2024 par Caroline Grout (psychologue clinicienne), avait pour objectif d'améliorer les capacités des agents du domicile à communiquer avec les familles. 

Oareil : Qu’est-ce qui caractérise la relation aux familles des professionnels du domicile en comparaison avec ceux des Ehpad ? Comment les accompagner dans leur pratique ?  

Caroline Grout : La spécificité du public du domicile tient à leur espace de travail qui est clivé (hiérarchie, complémentarité professionnelle non présente sur leur site d'intervention). Les professionnels sont dans l'immédiateté, seuls, livrés à eux-mêmes, dans une relation étroite avec le bénéficiaire et son aidant, souvent lui-même en souffrance. C’est la différence fondamentale avec l'institution où, a contrario, le soignant peut toujours interroger un supérieur ou un métier expert dans un délais bref, se reposer sur un collègue, apprendre en équipe. Dans leur quotidien avec la famille, ils doivent développer une forte autonomie, apprendre à gérer la solitude, le doute, avec parfois un défaut de relai.  

Mon approche avec les stagiaires consiste à partir de leurs expériences, de leur vécu du terrain, de leurs propres problématiques (souffrance, difficulté, incompréhension...) pour adapter les solutions d'accompagnement.  Le travail à domicile implique une grande créativité, il faut toujours inventer, créer de nouveaux process et tenir compte de la présence permanente de l'aidant et du partage de l'espace de vie. Le secteur n'a pas encore une connaissance poussée du maillage des aides sur le territoire, des ressources et services à activer pour offrir une réponse globale au bénéficiaire. C'est là que la formation trouve sa justification ». 




Christelle Martegoutes
, thérapeute Psychocorporelle, a dispensé la formation Prendre soin par le toucher massage en septembre 2024 auprès d’aides à domicile de plusieurs CCAS dont les attentes étaient d’échanger entre pairs et de découvrir un nouveau domaine.  

Oareil :Quelles difficultés les intervenant.es à domicile rencontrent-ils.elles dans leurs pratiques ? Comment s’emparent-ils.elles des outils délivrés en formation ?  

Christelle Martegoutes : J’accompagne les auxiliaires de vie à domicile à appréhender la pratique du toucher massage de la personne âgée et l’impact du toucher sur leurs bien-être respectifs. Mon approche les amène à prendre conscience du besoin de prendre soin de soi pour mieux prendre soin de l’autre.  

J’interviens dans un cadre où les professionnels manquent de temps pour être dans le soin comme ils ou elles le souhaiteraient. J’entends de leur part un fort besoin de reconnaissance des compétences en lien avec une dévalorisation du métier trop souvent assimilé à une fonction d’agent d’entretien. Or tous partagent un amour du métier qui tient une place fondamentale dans leur vie. D’où l’importance de remettre au cœur de leur intervention l’approche et la compétence d’accompagnement. En ce sens, la formation au Toucher massage est valorisante.  

On va travailler ensemble sur la posture, sur l’intention, sur la qualité du toucher massage et sur l’écoute. Je partage des techniques de toucher relationnel et bienveillant, en insistant sur « comment » être présent à soi, se recharger ou prendre soin de soi. On prend le temps avec les intervenant.es d’apprendre à se détendre, à lâcher prise, à se ressourcer pour intervenir dans un état serein. Je crée les conditions d'un environnement sensoriel agréable et apaisant qui invite à la détente et au lâcher prise avec des musiques douces, des huiles essentielles, une lumière tamisée... Le toucher massage est, pour le bénéficiaire, un temps de réassurance, de bienveillance, d’humanité qui se distingue, dans sa complémentarité, de celui du toucher fonctionnel, de rééducation, d’adaptation dispensé par les kinésithérapeutes, ergothérapeutes….  




La consultante en QVCT et prévention des risques psychosociaux Pauline Le Glatin, dispensait, quant à elle, une formation sur le thème : Appréhender et réguler son stress au quotidien en mai et juin 2024. Elle a accompagné deux groupes dont l’objectif était de gagner en sérénité dans leur vie personnelle et professionnelle, mieux gérer le stress au travail et apprendre à maîtriser leurs émotions.

Oareil : Les manifestations du stress sont-elles similaires dans le contexte du domicile et de l’hébergement ? Quels moyens spécifiques ont été mobilisés pour cette formation ?

Pauline Le Glatin : Le travail à domicile peut être un lieu générateur de stress parce qu’il y a de la solitude, même si les services sont vigilants sur cette problématique. Par ailleurs, le temps leur manque, ils enchainent les missions, ce qui est aussi facteur de stress. Le stress est un mécanisme d’adaptation et de protection normal. Dans cette formation, je laisse à voir le stress comme un allié. L’ennemi, c’est le stress chronique, celui qui va générer des troubles sur les plans physique et psychique.

Les intervenants à domicile peuvent mobiliser des outils très accessibles pour eux-mêmes ou pour le bénéficiaire. Sur le trajet en voiture, entre deux bénéficiaires, chez le bénéficiaire, il est possible de s’isoler deux minutes pour effectuer un exercice de respiration (facile à mettre en place sur le moment), lire quelques pages d’un livre (excellent moyen de régulation du stress), ou encore se mettre en mouvement (marcher courir, danser...). J’utilise une technique qui consiste à convoquer ses 5 sens pour revenir dans le présent. Je laisse aussi beaucoup de place à la réflexion éthique. On travaille ensemble sur des situations-problèmes et la force du collectif permet d’apporter des réponses sur des choses qu’on n’a pas entrevues seul. Je les aide à renforcer leur estime de soi et à développer leur intelligence émotionnelle.


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